Questions communes de gouvernance politique africaine : Leçons des six premiers rapports du MAEP

Image: Flickr, PROAndrew Smith
Image: Flickr, PROAndrew Smith

Analyse de la MAEP six premiers rapports d'examen de pays révèle des problèmes communs concernant la gouvernance politique, quoique à des degrés divers. Les solutions proposées sont prometteuses?

Des rapports indépendants portant sur les six Etats africains qui se sont soumis à un examen dans le cadre du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) – le principal outil d’évaluation et de suivi de la gouvernance du continent – indiquent un décalage évident entre les bonnes intentions inscrites dans les constitutions des pays et la réalité. Les six Etats sont le Ghana, le Rwanda, le Kenya, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Bénin.

Cette analyse de Yarik Turianskyi, chercheur à l’Institut sud-africain des affaires internationales, montre que de nombreux Etats manifestent un intérêt de pure forme au principe de la séparation des pouvoirs, mais passent outre ou ne tiennent pas compte de cet engagement, dans une plus ou moins grande mesure, dans la pratique quotidienne. Evidemment, des comparaisons directes entre les pays ne sont pas toujours possibles car chacun dispose de ses propres formes distinctives de gouvernance, et les critiques et commentaires ne s’appliquent pas de la même manière à tous les Etats.

Les rapports indiquent cependant des traits communs. La manipulation des règles formelles en faveur de l’élite est enracinée dans la culture de nombreux Etats africains. Le principal problème est le manque de constitutionnalisme ; c’est-à-dire l’absence d’un ensemble strict de règles conçues pour contrôler et minimiser l’autorité du gouvernement. L’ensemble à trois pieds qui doit garantir qu’aucune branche du gouvernement n’est plus puissante que les deux autres réunies est déséquilibré. La conséquence est que l’exécutif domine, que le législatif perd en efficacité dans son rôle de freins et contrepoids et que le judiciaire perd parfois de sa nécessaire indépendance. Ce qui ralentit les progrès et entraîne d’autres répercussions : cela peut exacerber les conflits liés à la terre, en particulier lorsque l’ethnicité est impliquée, affecter les programmes en matière de droits humains, d’élections et de décentralisation, et encourager la corruption.

L’auteur conclut en posant une question qui incite à la réflexion : si le MAEP doit apporter une démocratie et une meilleure gouvernance à l’Afrique, comment gère-t-il les pays qui outrepassent ses recommandations ?

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The views expressed in this publication/article are those of the author/s and do not necessarily reflect the views of the South African Institute of International Affairs (SAIIA).

27 Mar 2009